Art Naïf

L’art naïf est un style artistique créé par des personnes sans formation artistique traditionnelle, c’est-à-dire essentiellement des autodidactes. Lorsqu’un artiste de formation imite l’esthétique de ce style, on parle d’art pseudo-naïf ou de primitivisme.

Arthur Rimbaud a utilisé le mot « naïf » dans un poème de 1870 pour décrire des représentations picturales maladroites, puis Guillaume Apollinaire l’a utilisé pour désigner ce style.

Henri Rousseau (1844-1920), découvert par Pablo Picasso, fut un artiste naïf influent.

„Art naïf – Paysage hivernal avec traîneau tiré par des chevaux – Peinture sur porte d’armoire
Paysage hivernal avec traîneau tiré par des chevaux – Peinture sur porte d’armoire
 
 

Caractéristiques stylistiques

L’art naïf est un style principalement pictural. Le style de représentation est plat et la perspective rudimentaire, car les règles de la perspective de la Renaissance ne sont pas respectées : réduction progressive des objets en fonction de leur position, diminution des détails et atténuation des couleurs au loin. La mauvaise utilisation de la perspective lui confère ainsi un aspect enfantin et simple. Cependant, comme la préférence pour l’art naïf est aujourd’hui largement répandue et acceptée, les caractéristiques typiques des œuvres des artistes contemporains de ce style ne proviennent peut-être pas de la naïveté de l’artiste, mais sont plutôt une esthétique délibérément recherchée en raison de son efficacité.

Exemples d’art naïf

Les œuvres suivantes, réalisées dans un style naïf, sont proposées sur le site web de Robert Züblin :

Différence entre art naïf et art brut

Les artistes naïfs sont exposés aux conventions formelles des arts plastiques, sans toutefois avoir le désir de les imiter. Les artistes de l’Art Brut (également connu sous le nom d’« Outsider Art ») proviennent quant à eux d’un contexte culturel similaire, mais n’ont que très peu de contacts avec celui-ci, car ils sont patients dans des cliniques psychiatriques ou vivent isolés comme des ermites. Le terme français « Art Brut » (littéralement « art brut ») a été inventé dans les années 1940 par l’artiste français Jean Dubuffet.

Controverse sur les limites de l’art naïf

Comme la frontière entre l’art naïf, l’art brut, l’art populaire, etc. est difficile à tracer, la définition de ces termes pose problème. On a ainsi tendance à qualifier les peintures et les sculptures d’art naïf, tandis que les objets du quotidien sont plutôt associés à l’art populaire.

On parle également d’art provincial pour désigner les œuvres qui ne ressemblent pas à l’art « métropolitain » ou « courtois ».

Il faut également distinguer l’art primitif, qui comprend l’art de l’Afrique subsaharienne, des Amérindiens et des îles du Pacifique, de l’art primitiviste, qui s’inspire du premier et relève de la notion d’art naïf.

Des critiques d’art tels que Jerry Saltz (lauréat du prix Pulitzer 2018 pour la critique) ou Roberta Smith plaident en faveur de la suppression de la distinction entre art académique et art non académique, non seulement en raison de la qualité artistique des artistes autodidactes, mais aussi en raison de l’influence qu’ils exercent sur l’art institutionnalisé. Plusieurs musées et institutions ont mis en avant l’art naïf dans des expositions comme une partie incontestable de l’avant-garde historique.